Le Civitas

Nous sommes plus qu’une revue. Nous sommes six citoyens, enfants de cet Occident qui s’essouffle sur le tapis-rou¬lant qu’il a lui-même construit. Nous ne sommes pas journalistes ou essayistes, du moins pas de formation, et cette revue est plus pour nous une tribune pour des idées qui s’étiolent dans le vent d’indifférence qui balaie notre société qu’un produit à troquer ou à vendre. Notre volonté de re¬mettre en question les dogmes de l’Oc¬cident nous tient plus à coeur que l’appât du gain. Ces remises en question, nous le croyons, doivent se propager et l’argent n’y fera pas obstacle. Nos sommes six, certes, mais nous espérons que ce nombre ne cessera de grandir. Nous ne sommes pas dupes; seuls, notre projet échouera. Seuls, nous ne changerons rien – et cette affirmation n’a rien de stéréotypé, nous vous l’assurons. Nous ne sommes pas de nouveaux messies, ni même des sauveurs; nous n’en avons pas l’arrogance. Nous ne prêchons aucune foi, aucun dogme social ou politique. Nous souhaitons, à travers nos écrits, exprimer notre volonté de voir un changement nécessaire, ou du moins désirable, s’opérer. Nous parlons de l’union comme force du changement, mais n’y voyez pas un mouvement doctrinal : la contradiction nous apparaît nécessaire et l’unanimité inquiétante. L’histoire a trop vu trop de totalitarisme et notre société se complaît trop bien dans l’indifférence. Nous ne souhaitons ni l’un, ni l’autre.

Notre volonté de nourrir un débat éclairé où la victoire est commune et où la vérité prévaut sur la pérennité de l’opinion in¬dividuelle s’oppose au conformisme qui semble inhérent à ces deux extrêmes. Nos plumes trahissent peut-être déjà un sen¬timent d’urgence, mais, n’ayez crainte, nous ne sombrerons pas dans l’annonce répétée d’une apocalypse prochaine. Nous laissons à d’autres les messages prophétiques, préférant à la divination, l’analyse réfléchie des différentes facettes de notre société. Nous écrivons pour quiconque voudra nous lire. Tous ceux qui, comme nous, croient, sans doute avec quelques poussières d’idéalisme, à un changement encore possible ne devraient pas hésiter à propager ces idées. Nous écrivons sur notre monde et cela nous concerne tous, alors pourquoi s’y soustraire? Nous tâ¬chons à travers nos textes de présenter des idées rigoureuses et longuement réflé¬chies, cela n’empêche personne de nous contredire - l’opposition, nous le répétons, nous apparaît nécessaire pour ne pas sombrer dans l’uniformisation dogmatique de la pensée. Nous ne ferons pas que critiquer, le changement nous importe trop pour attendre passivement des solu¬tions nouvelles. Il nous apparaît nécessaire d’y oeuvrer nous-mêmes avec l’appui de tous ceux qui le souhaiteront. Penser par soi-même, en ayant conscience de toutes ces influences qui modèlent nos idées, voilà sans doute la liberté à la¬quelle, nous pouvons encore aspirer.