Conscience mondiale
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«La reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde»1 .Véritable manifeste d’une volonté commune des nations de mettre un terme final au genre de barbaries qui se sont produites durant la Deuxième Guerre mondiale entre autres, la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) fut adoptée en 1948 à la suite d’un consensus « sur la valeur suprême de la personne humaine »2. Dès le premier article, on y reconnaît que les hommes, « libres et égaux en dignité et en droits »3, ont le devoir de faire usage de leur raison et de leur conscience pour assurer le bien-être commun, la permanence d’un esprit de fraternité entre les hommes. Projet utopique certes, la DUDH est présentée par l’Assemblée Générale comme un idéal commun vers lequel tendre. Or, pour assurer cette tendance au meilleur des capacités humaines, il est essentiel de remarquer un détail, deux mots donnés dans le préambule, qui sont le fondement du «comment» y parvenir : « par l’enseignement et l’éducation »4.
Il ne s’agit pas ici de dévaloriser le travail de nombreuses organisations qui luttent pour aider les communautés les plus démunies à s’approvisionner en ressources de base, soit l’eau, la nourriture, un toit, etc. Il ne s’agit pas non plus de discréditer l’aide aux victimes qui, partout à travers le monde, subissent des traitements immoraux, fondamentalement irrespectueux de la DUDH et, plus généralement, de ce que je me risque d’appeler la morale humaine. Ce type d’interventions est très sûrement nécessaire pour assurer un minimum de justice au sein d’une humanité pour l’instant encore truffée d’inégalités barbares, passant de la discrimination locale à l’anéantissement planifié d’une «race».
Par contre, ce n’est pas uniquement de cette façon, n’ayant pas d’impact à long terme sur les esprits et les cultures, que l’idéal sera atteint. L’équité et la reconnaissance des droits humains passent par la capacité des nations et des individus à se libérer de leur dogme et de leurs préjugés et à accéder à une autonomie intellectuelle accessible universellement, comme Danny Laferrière l’énonce dans L’énigme du retour : «J’ai reçu il y a deux ans après le passage d’un violent cyclone en Haïti cette lettre d’un jeune étudiant qui m’enjoignait de faire savoir aux gens de bonne volonté qui pensent envoyer de la nourriture aux sinistrés qu’il serait souhaitable que chaque sac de riz soit accompagné d’une caisse de livres car, écrit-il, « nous ne mangeons pas pour vivre mais pour pouvoir lire »5.
Une rumeur populaire africaine veut que, affecté du SIDA, un homme peut se délivrer de sa maladie en violant une fillette vierge. C’est ainsi qu’une enfant de six ans, une parmi tant d’autres, a été violée, l’ignorance comme principale cause et la perte de sa virginité, de sa dignité, de son enfance et de sa santé comme principales conséquences. Même si la bévue est marquante, choquante pour nous, peuple dit «savant», ce n’est pas une cam-pagne de distribution panafricaine de préservatifs gratuits qui aurait ici changé grand-chose; il aurait fallu s’attaquer au fondement des moeurs, par exemple par une conscientisation efficace et bien ciblée. Il est primordial de s’attaquer au problème mère et de générer une prise de conscience collective, qui, idéalement, s’initie et se perpétue de l’intérieur, de la situation catastrophique des injustices humaines.
C’est une action citoyenne, émanant des plus hautes couches des sociétés affectées par une insuffisance à grande échelle et, en ce qui nous concerne de plus près, de la mobilisation massive des peuples ayant la possibilité de la faire, qui aura le pouvoir de faire changer le climat d’inhumanité et de division qui règne sur le globe . La DUDH aura un impact notable et suffisant si et seulement si les sociétés acquièrent un pouvoir d’auto prise en charge, de perfectibilité et, pour ceux qui la détiennent déjà , de jugement global. En d’autres termes, il faut instaurer des systèmes d’éducation rationnelle (par opposition aux croyances et à la vérité révélée) et libératrice des peuples pour l’instant assujettis soit aux limites de leur propre ignorance ou au domaine restreignant de leur maître à penser, qu’il soit tyran, évêque ou publicité. Et cette réalité s’applique très sûrement pour plusieurs d’entre nous; c’est en se libérant du prêt-à -penser qu’il nous sera possible d’agir pour le bien-être de tous. Il est de notre responsabilité, en tant que citoyens mondiaux, de prendre conscience de la réalité qui, faute de nous entourer, nous concerne et de se munir des outils nécessaires pour lutter contre la pire des calamités humaines; l’impuissance et, pire, l’indifférence.
Ayant établi la responsabilité indissociable de notre conception de la justice, il reste maintenant à déterminer, pour vous et moi, les moyens d’agir et de faire une différence. Il est d’abord essentiel d’établir que les actes de blanchiment de conscience, tels l’adhésion au végétarisme par pitié animale, les voyages humanitaires de moins d’un an et toutes les formes de militantisme extrémiste, dont l’éco fascisme reste le meilleur exemple que j’ai entendu, sont des exemples de vaines tentatives de faire un changement. Il faut ici transcender la tentation de soulager notre propre conscience morale et/ou d’agir envers et contre tous pour se poser la question du comment il est réellement possible de faire une différence. Ces actions démontrent par contre un aspect non négligeable de la lutte pour les droits humains; la prise de conscience, la volonté de faire quelque chose. La première étape pour faire initier un progrès est donc de faire preuve de curiosité intellectuelle. Chercher sur internet, lire, poser des questions, profiter de la présence de personnes immigrantes pour en apprendre plus sur leur pays natal; faire preuve d’ouverture d’esprit et développer un sens critique. Suite à cet investissement de base dont tout citoyen digne de ce nom devrait faire preuve, il y a différents moyens d’agir. Certains préfèreront se lancer tout entier et agir sur le terrain; ceux-là doivent prendre en considération que l’investissement en eux-mêmes est la première étape à franchir. Sans certification, la portée d’influence directe est insignifiante et le changement est souvent minime.
Par contre, pour l’immense majorité des gens qui n’étudieront pas en développement international ou qui ne feront pas de la médecine ou du droit sans frontière par exemple, il existe d’autres façons de faire une différence. Et cet investissement, qui est souvent perçu comme étant honorable et optionnel, Peter Singer, philosophe et professeur au University Center for Human Values, le perçoit comme étant moralement indispensable. Selon lui, « toute personne disposant de ressources financières supérieures à ses besoins [doit verser] un minimum de 0,4% de son revenu à des organismes qui viennent en aide aux plus pauvres de la planète. En fait, un taux de 1 % […] serait plus utile. […] Ceux qui ne respecteraient pas ce taux minimal de 1 % se rendraient coupables d’un acte immoral »6. En quelques clics sur un moteur de recherche internet, j’ai trouvé un organisme, Aide et Action7 , dont les objectifs d’actions concernent l’accès à l’éducation dans vingt et un pays. La structure est déjà présente; pour quelqu’un qui veut se lancer à temps partiel dans la défense des droits humains ou tout simplement investir dans l’avenir de l’éducation mondiale, il s’agit là d’un très bon cadre. Il n’y a donc pas d’excuse à une inaction totale; si vous n’avez pas de temps à investir, vous avez certainement quelques dollars par année à donner pour permettre à d’autres d’avoir accès à une éducation de base qui leur permettra de se libérer d’un assujettissement fatal à leurs droits fondamentaux.8
Avec les moyens de communication incroyables qui se sont développés dans les dernières décennies, il est rendu totalement impossible d’être involontairement ignorant des violations de droits humains qui se passent dans le monde et, surtout, il n’y a plus aucune excuse de rester de marbre face à ces situations ou, pire, de les nier. Grâce à Internet, le monde nous est ouvert. Tâchons de l’ouvrir à d’autres. Aujourd’hui, maintenant, éveillons notre curiosité; Amnistie internationale, Whole Child International, Aide et Action, Oxfam Québec, Médecins Sans Frontière, etc.9 Il en va de notre devoir de citoyen et, surtout, de notre devoir moral en tant qu’êtres humains bénéficiant nous-mêmes de ces droits.
Il ne s’agit pas ici de dévaloriser le travail de nombreuses organisations qui luttent pour aider les communautés les plus démunies à s’approvisionner en ressources de base, soit l’eau, la nourriture, un toit, etc. Il ne s’agit pas non plus de discréditer l’aide aux victimes qui, partout à travers le monde, subissent des traitements immoraux, fondamentalement irrespectueux de la DUDH et, plus généralement, de ce que je me risque d’appeler la morale humaine. Ce type d’interventions est très sûrement nécessaire pour assurer un minimum de justice au sein d’une humanité pour l’instant encore truffée d’inégalités barbares, passant de la discrimination locale à l’anéantissement planifié d’une «race».
Par contre, ce n’est pas uniquement de cette façon, n’ayant pas d’impact à long terme sur les esprits et les cultures, que l’idéal sera atteint. L’équité et la reconnaissance des droits humains passent par la capacité des nations et des individus à se libérer de leur dogme et de leurs préjugés et à accéder à une autonomie intellectuelle accessible universellement, comme Danny Laferrière l’énonce dans L’énigme du retour : «J’ai reçu il y a deux ans après le passage d’un violent cyclone en Haïti cette lettre d’un jeune étudiant qui m’enjoignait de faire savoir aux gens de bonne volonté qui pensent envoyer de la nourriture aux sinistrés qu’il serait souhaitable que chaque sac de riz soit accompagné d’une caisse de livres car, écrit-il, « nous ne mangeons pas pour vivre mais pour pouvoir lire »5.
Une rumeur populaire africaine veut que, affecté du SIDA, un homme peut se délivrer de sa maladie en violant une fillette vierge. C’est ainsi qu’une enfant de six ans, une parmi tant d’autres, a été violée, l’ignorance comme principale cause et la perte de sa virginité, de sa dignité, de son enfance et de sa santé comme principales conséquences. Même si la bévue est marquante, choquante pour nous, peuple dit «savant», ce n’est pas une cam-pagne de distribution panafricaine de préservatifs gratuits qui aurait ici changé grand-chose; il aurait fallu s’attaquer au fondement des moeurs, par exemple par une conscientisation efficace et bien ciblée. Il est primordial de s’attaquer au problème mère et de générer une prise de conscience collective, qui, idéalement, s’initie et se perpétue de l’intérieur, de la situation catastrophique des injustices humaines.
C’est une action citoyenne, émanant des plus hautes couches des sociétés affectées par une insuffisance à grande échelle et, en ce qui nous concerne de plus près, de la mobilisation massive des peuples ayant la possibilité de la faire, qui aura le pouvoir de faire changer le climat d’inhumanité et de division qui règne sur le globe . La DUDH aura un impact notable et suffisant si et seulement si les sociétés acquièrent un pouvoir d’auto prise en charge, de perfectibilité et, pour ceux qui la détiennent déjà , de jugement global. En d’autres termes, il faut instaurer des systèmes d’éducation rationnelle (par opposition aux croyances et à la vérité révélée) et libératrice des peuples pour l’instant assujettis soit aux limites de leur propre ignorance ou au domaine restreignant de leur maître à penser, qu’il soit tyran, évêque ou publicité. Et cette réalité s’applique très sûrement pour plusieurs d’entre nous; c’est en se libérant du prêt-à -penser qu’il nous sera possible d’agir pour le bien-être de tous. Il est de notre responsabilité, en tant que citoyens mondiaux, de prendre conscience de la réalité qui, faute de nous entourer, nous concerne et de se munir des outils nécessaires pour lutter contre la pire des calamités humaines; l’impuissance et, pire, l’indifférence.
Ayant établi la responsabilité indissociable de notre conception de la justice, il reste maintenant à déterminer, pour vous et moi, les moyens d’agir et de faire une différence. Il est d’abord essentiel d’établir que les actes de blanchiment de conscience, tels l’adhésion au végétarisme par pitié animale, les voyages humanitaires de moins d’un an et toutes les formes de militantisme extrémiste, dont l’éco fascisme reste le meilleur exemple que j’ai entendu, sont des exemples de vaines tentatives de faire un changement. Il faut ici transcender la tentation de soulager notre propre conscience morale et/ou d’agir envers et contre tous pour se poser la question du comment il est réellement possible de faire une différence. Ces actions démontrent par contre un aspect non négligeable de la lutte pour les droits humains; la prise de conscience, la volonté de faire quelque chose. La première étape pour faire initier un progrès est donc de faire preuve de curiosité intellectuelle. Chercher sur internet, lire, poser des questions, profiter de la présence de personnes immigrantes pour en apprendre plus sur leur pays natal; faire preuve d’ouverture d’esprit et développer un sens critique. Suite à cet investissement de base dont tout citoyen digne de ce nom devrait faire preuve, il y a différents moyens d’agir. Certains préfèreront se lancer tout entier et agir sur le terrain; ceux-là doivent prendre en considération que l’investissement en eux-mêmes est la première étape à franchir. Sans certification, la portée d’influence directe est insignifiante et le changement est souvent minime.
Par contre, pour l’immense majorité des gens qui n’étudieront pas en développement international ou qui ne feront pas de la médecine ou du droit sans frontière par exemple, il existe d’autres façons de faire une différence. Et cet investissement, qui est souvent perçu comme étant honorable et optionnel, Peter Singer, philosophe et professeur au University Center for Human Values, le perçoit comme étant moralement indispensable. Selon lui, « toute personne disposant de ressources financières supérieures à ses besoins [doit verser] un minimum de 0,4% de son revenu à des organismes qui viennent en aide aux plus pauvres de la planète. En fait, un taux de 1 % […] serait plus utile. […] Ceux qui ne respecteraient pas ce taux minimal de 1 % se rendraient coupables d’un acte immoral »6. En quelques clics sur un moteur de recherche internet, j’ai trouvé un organisme, Aide et Action7 , dont les objectifs d’actions concernent l’accès à l’éducation dans vingt et un pays. La structure est déjà présente; pour quelqu’un qui veut se lancer à temps partiel dans la défense des droits humains ou tout simplement investir dans l’avenir de l’éducation mondiale, il s’agit là d’un très bon cadre. Il n’y a donc pas d’excuse à une inaction totale; si vous n’avez pas de temps à investir, vous avez certainement quelques dollars par année à donner pour permettre à d’autres d’avoir accès à une éducation de base qui leur permettra de se libérer d’un assujettissement fatal à leurs droits fondamentaux.8
Avec les moyens de communication incroyables qui se sont développés dans les dernières décennies, il est rendu totalement impossible d’être involontairement ignorant des violations de droits humains qui se passent dans le monde et, surtout, il n’y a plus aucune excuse de rester de marbre face à ces situations ou, pire, de les nier. Grâce à Internet, le monde nous est ouvert. Tâchons de l’ouvrir à d’autres. Aujourd’hui, maintenant, éveillons notre curiosité; Amnistie internationale, Whole Child International, Aide et Action, Oxfam Québec, Médecins Sans Frontière, etc.9 Il en va de notre devoir de citoyen et, surtout, de notre devoir moral en tant qu’êtres humains bénéficiant nous-mêmes de ces droits.
1 Déclaration universelle des droits de l’homme, http://www.un.org/fr/documents/udhr/, préambule, 10 décembre 1948.
2 Histoire de la déclaration universelle des droits de l’homme, http://www.un.org/fr/documents/udhr/history.shtml, propos de Hernán Santa Cruz.
3 Op. Cit. (Note 1)
4 Op. Cit. (Note 1)
5 OUVERTURES, (page consultée le 27 avril 2010), Livres : notre sélection du 4e trimestre 2009, http://www.ouvertures.net/portail/print.asp?doc_id=283
6 GENDRON, Louise (2005). Nous sommes tous des assassins. L’actualité, 15 octobre, p. 30.
7 http://www.aide-et-action.org/
8 Un truc pour savoir si l’organisme que vous avez trouvé est crédible est de regarder s’il donne droit à des exemptions d’impôt. Si c’est le cas, cela signifie qu’il est enregistré et que vous pourrez réclamer jusqu’à 60% du don que vous avez fait sur vos prochaines déclarations d’impôt.
9 Le site suivant se veut un très utile recueil de liens vers des sites d’organismes non gouvernementaux à vocation humanitaire. http://www.liensutiles.org/orghum.htm
2 Histoire de la déclaration universelle des droits de l’homme, http://www.un.org/fr/documents/udhr/history.shtml, propos de Hernán Santa Cruz.
3 Op. Cit. (Note 1)
4 Op. Cit. (Note 1)
5 OUVERTURES, (page consultée le 27 avril 2010), Livres : notre sélection du 4e trimestre 2009, http://www.ouvertures.net/portail/print.asp?doc_id=283
6 GENDRON, Louise (2005). Nous sommes tous des assassins. L’actualité, 15 octobre, p. 30.
7 http://www.aide-et-action.org/
8 Un truc pour savoir si l’organisme que vous avez trouvé est crédible est de regarder s’il donne droit à des exemptions d’impôt. Si c’est le cas, cela signifie qu’il est enregistré et que vous pourrez réclamer jusqu’à 60% du don que vous avez fait sur vos prochaines déclarations d’impôt.
9 Le site suivant se veut un très utile recueil de liens vers des sites d’organismes non gouvernementaux à vocation humanitaire. http://www.liensutiles.org/orghum.htm
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