« Penser par soi-même »

John S. et J. Smith parlent d'Ă©ducation


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John S. et J. Smith parlent d’éducation lors d’un passionnant cours de méthodes quantitatives, un froid et humide mardi de mars.

J. Smith : Quels seraient les buts premiers de l’éducation? Qu’est-ce que l’éducation?

John S. : L’éducation? L’éducation est une transmission de savoir.

J. Smith : Qu’est-ce que le savoir?

Un silence

J. Smith : Ne se résumerait-il pas en deux données distinctes soit les connaissances et les outils intellectuels permettant la réflexion et donc l’interprétation des connaissances?

John S. : L’éducation doit servir à élever les individus, comme le font la science et l’art.

J. Smith : L’éducation n’est donc pas une fin en soi. Elle est le moyen d’atteindre un but transcendant l’acquisition de savoir.

John S. : Les buts sont multiples, mais ont tous une utilité sociale. Le savoir sans but est un savoir gaspillé qui n’a pas lieu d’être d’un point de vue pragmatique.

J. Smith : Il ne faut par contre pas l’interpréter comme une négation du monde des idées et de la réflexion. Ils sont à la base de la conception de la réalité.

John S. : En effet, la technique se développe à travers la théorie. Sans hypothèse, inutile d’avoir un laboratoire. Le technicien et le théoricien sont interdépendants et ne sont complets que lorsqu’unis.

J. Smith : Il doit donc y avoir deux branches distinctes à l’éducation suivant un tronc commun, jetant les bases de l’apprentissage.

John S. : Comme tu le mentionnes, chaque individu se doit d’avoir une éducation de base lui permettant de fonctionner en société. Tous devraient avoir accès à une formation première impliquant l’apprentissage approfondi de la lecture, de l’écriture, du calcul, etc.

J. Smith : Tout cela dans une perspective permettant le développement de la capacité d’analyser l’information qu’on nous transmet. Les connaissances ne sont utiles qu’à condition d’avoir les outils appropriés pour les employer.

John S. : L’éducation doit servir à nourrir la curiosité intellectuelle de chaque individu tout en maximisant les capacités inhérentes à ceux-ci.

J. Smith : Ainsi, à partir du moment où une institution d’enseignement tue la curiosité intellectuelle de ses élèves, elle ne remplit plus l’un de ses rôles fondamentaux.

John S. : Nous le voyons à l’heure actuelle où l’étudiant désireux d’en apprendre davantage est mal vu et même marginalisé.

J. Smith : Et pourquoi? Je crois que la réponse à cette question nous mène aux fondements mêmes du problème.

John S. : Je crois qu’il y a plusieurs facteurs. Premièrement, le système éducatif nivèle vers le bas.

J. Smith : On assiste, comme dans d’autres sphères de la vie sociale, à la mise en place d’un mécanisme d’égalisation systématique par peur des écarts trop souvent perçus comme une atteinte à l’intégrité de l’individu égalitaire.

John S. : Il s’agit même, en mon sens, d’une attaque, ou plutôt d’une action perçue comme telle, dirigée vers l’estime personnelle de chacun.

J. Smith : On s’enferme alors dans des rapports consensuels, visant à garantir, à tout prix, l’égalité de l’individu se sentant lésé par les démonstrations des différents visages de l’altérité.

John S. : On ne valorise plus l’élévation des individus capables d’aspirer à plus.

J. Smith : Il faut pourtant, comme nous l’avons exprimé plus tôt, offrir une éducation à tous les individus de la société

John S. : Il n’est pourtant pas essentiel que tout le monde passe. Cela entraînerait une dévalorisation de la valeur du diplôme. Tout le monde n’a pas les mêmes capacités et le prétendre est une aberration qui tient de l’hypocrisie humaine. Ceux qui réussissent sans réellement avoir les compétences requises ne font que parasiter les instances supérieures d’enseignement. C’est le cas de l’épreuve finale de français dont les résultats au contenu sont gonflés pour pallier les résultats médiocres pour la qualité de la langue.

J. Smith : Faudrait-il alors revoir les fondements mêmes des institutions d’éducation postsecondaire au Québec? La distinction entre un parcourt technique et menant à des études universitaires est déjà présente dans les institutions d’enseignement collégial. Faudrait en plus de cette séparation inévitable, morceler la branche théorique selon les capacités de chacun?

John S. : Cela permettrait aux étudiants d’optimiser leurs apprentissages selon leurs capacités et ainsi éviter le plafonnement des élèves plus performants et le surmenage des élèves n’ayant pas autant de facilité, pour rester dans le politically correct aberrant. Peut-on aspirer à un système d’éducation préuniversitaire à deux vitesses? Je crois que oui.

J. Smith : Nous aurions ainsi diverses institutions ou programmes d’enseignement dont la fréquentation serait déterminée par les capacités académiques des étudiants. Il ne s’agirait pas d’une situation immuable, mais bien d’un système dynamique mis en mouvement par les capacités et les efforts de chacun.

John S. : Pourquoi pas? Tout le monde n’avance pas au même rythme.

J. Smith : Dans un tel système que certains qualifieraient d’élitiste, l’éducation serait-elle gratuite?

John S. : En regard de tout ce que nous avons dit précédemment, l’éducation se doit d’être gratuite.

J. Smith : Ainsi, l’accès aux meilleures écoles ne serait pas déterminé par la richesse des individus, mais bien par leurs capacités académiques.

John S. : Si vous me permettez l’analogie, le sport de haut niveau est réservé aux plus habiles, aux plus forts physiquement, à l’élite sportive et cet esprit de compétition ne devrait pas être étranger à l’éducation. Il devrait en être ainsi pour toutes les instances où l’on distingue les individus selon leurs capacités.

J. Smith : Cela mettrait fin aux mécanismes de nivelage qui pullulent dans le système éducatif québécois et libèrerait l’éducation de son carcan étroit qui laisse peu de place à la curiosité et brime le désir de voir plus loin, d’approfondir ses connaissances à un rythme différent que celui prescrit par la majorité.

John S. : Je crois que nous touchons un point important. La curiosité est le moteur même de l’apprentissage. Sans elle, l’éducation se flétrit et meurt.

J. Smith : Comment qualifierais-tu alors un système d’enseignement qui en vient à saper la curiosité de certains étudiants?

John S. : Je suppose que tu parles d’un système purement hypothétique où certains étudiants auraient, en entrant pour la première fois dans la classe, les connaissances et outils intellectuels requis pour réussir le cours, mais seraient, selon une logique implacable, obligés d’assister à toutes les périodes dudit cours.

J. Smith : Tu as bien saisi ma pensée. Pour alléger la discussion, nous nommerons ce système d’enseignement Cégep de l’Outaouais. Il est évident qu’un tel nom n’est que création de mon esprit et ne se réfère à aucune institution déjà en place, mais elle donnera à nos lecteurs un exemple tangible des réels enjeux de notre débat.

John S. : Je n’aurais pas pu mieux le résumer.

J. Smith : Le sujet étant vaste et complexe, nous analyserons une politique hypothétiquement fictive qui pourrait avoir cours dans ce Cégep de l’Outaouais tout aussi fictif. Ainsi, dans cette institution, une politique de présence au cours serait en place pour stimuler la présence en classe des étudiants. Elle stipulerait que tout étudiant se doit d’être présent à au moins 85 % de ses cours. Ainsi, plus de 15 % d’absence à un cours signifierait l’impossibilité de se présenter à l’examen final, dont la réussite est nécessaire pour la réussite du cours.

John S. : Tu sembles contre cette politique. Je suppose que tu as des arguments te permettant de défendre une telle position, car un employé du département fictif de philosophie de ce Cégep de l’Outaouais fictif t’expliquerait sans doute que le gouvernement québécois, à supposer que cet hypothétique Cégep de l’Outaouais soit au Québec, paie pour l’éducation de ces étudiants et que ceux-ci devraient se faire un devoir d’assister à tous les cours. Il ajouterait sans doute que puisque le gouvernement paie pour l’éducation de ces citoyens, il a à cœur la réussite de ceux-ci et ne désire pas payer davantage qu’il ne le devrait pour les frais de scolarité de ces derniers. Tout cela semble facilement justifiable : la présence en classe permet un plus haut taux de réussite et le gouvernement n’a pas à payer pour la reprise de ces cours par les étudiants ayant échoué.

J. Smith : J’ai bien conscience de cela. Pourtant, il réside un problème majeur dans cette argumentation. Cette politique, justifiée par des principes pragmatiques utilitaires, en vient à contredire ses fondements même. C’est le serpent qui se mange la queue…

John S. : … et une bonne partie de son corps.

J. Smith : Le gouvernement québécois veut voir ses citoyens réussir le plus rapidement possible leur formation collégiale pour ne pas avoir à débourser d’importantes sommes supplémentaires inutilement pour des étudiants ayant les capacités de réussir. Ainsi, l’étudiant qui, en étant présent en classe, acquiert les outils nécessaires à la réussite du cours devrait être obligé d’y assister. Mais, par contre ladite politique empêche certains étudiants ayant les capacités de réussir le cours de se présenter à l’évaluation finale, obligatoire pour la réussite de ce cours. En justifiant ainsi la politique de présence en classe avec tes arguments, on sape les bases de cette politique. On proclame la supériorité de certains principes qu’on finit par renier.

John S. : Tout à fait. De cette manière, nous ne faisons que favoriser les individus plus faibles au détriment des plus forts, car avec la politique du 85 %, on ne fait que remplacer, dans l’échec, ceux qui sont trop paresseux pour assister au cours ou incapables de réussir par ceux qui jugent tout simplement que leur présence aux cours n’est pas utile à leur réussite.

J. Smith : Mais ne pourrait-on pas trouver un compromis? Par exemple, une fois la limite de 15% d’absence dépassé, l’étudiant pourrait ne plus avoir accès à l’examen de reprise comme c’est dans d’autres cégeps.

John S. : Je crois que tout compromis ne serait qu’un investissement à court terme, car il est préférable d’apprendre à l’élève à se responsabiliser par l’échec, plutôt que de l’obliger à aller à ses cours, ce qui ne fera que retarder le moment où la prise de conscience se fera par rapport à son autonomie. En tant qu’adulte ou presque, l’étudiant doit être en mesure d’assumer ses responsabilités, et réaliser qu’il est le principal artisan de sa réussite, autant sociale que scolaire.

Commentaires

Guillaume Brien-Régimbald le 07/04/2010 Ă  15h55

Retirer le 15% d'absence? Évidemment! Refuser le nivelage vers le bas de l'éducation? Sans aucun doute! Assurer un accès véritablement gratuit à tous? C'est la base du système universel d'accès à l'éducation alors cela va de soi! Mais, avoir un système d'éducation à deux vitesses, aussi dynamique soit-il? Non, nevah, iya da! Pourquoi? Tout simplement parce que ce genre de façon de faire en effet élitiste n'a pour but que de séparer, de ségrégationner inéquitablement les personnes concernées. Que ferons nous de ces étudiants moins performant? Leur donner moins de connaissances que les autres pour qu'ils puissent terminer à temps? Ou bien, leur imposer des études plus longues parce qu'ils sont trop lents?! Pas très équitable selon moi. Ils sont aussi capables que tout le monde, ils ont juste besoin de plus d'encadrement et d'aide de la part de tout le personnel enseignant, mais aussi du corps étudiant. Ce n'est pas en les stockant dans des écoles séparées pour idiots qu'on vas les aider! Ils doivent pouvoir interagir avec tout le monde et en tout temps pour bien se développer. Je préfère de loins étudier avec toutes sortes de personnes passionnantes que d'être emprisonné dans un système élitiste ridicule!


Francis Davidson Tanguay le 07/04/2010 Ă  17h32

@Guillaume. J'envisage le "système d'éducation à deux vitesses" non pas comme une ségrégation intellectuelle, mais comme la possibilité pour certains étudiants de choisir des cours enrichis. Par exemple, en plus du programme de sciences humaines, il pourrait y avoir un programme de sciences humaines enrichi et contingenté pour permettre aux étudiants sous-motivés d'apprendre à un rythme qui leur convient. Pensons-y, comment faire pour avoir un système éducatif universel et non contingenté où on ne laisse personne derrière sans niveler vers le bas? Ta caricature d'une école pour idiots n'est pas la conséquence inévitable d'un système à deux vitesses. En fait, ce système est déjà partiellement en place au cégep avec le programme de sciences lettres et arts. Si les auteurs de cet article avaient en tête un système où l'on valorise les premiers de classe tout en laissant pourrir la masse, alors je le conçois, ce système est néfaste. Cependant, l'impossibilité d'avoir accès à un programme enrichi en sciences humaines pour les élèves de l'Outaouais laisse place à un vide qui ce doit d'être comblé, en y installant une deuxième vitesse, par le cégep.


Léonore Brassard le 08/04/2010 Ă  08h28

Je suis d'accord avec Guillaume. Bien que j'aie, comme beaucoup d'entre nous j'en suis sûre, déjà maudit la lenteur des explications données et le temps qu'on peut passer et perdre dans certains cours, l'idée du système à deux vitesses risque de créer une faille entre les "forts" et les "faibles", et une compétition néfaste. Si une personne s'ennuie tant dans son programme, si le pourcentage d'absence est enlevé et bien... qu'elle manque un cours sur deux et s'occupe autrement, (en prenant des cours d'autre chose en parascolaire, en ajoutant des cours à son horaire (oui oui, c'est possible de le faire) ou qu'elle fasse un double-dec. Si une personne est réellement trop forte pour son niveau, qu'elle saute une année! C'est réellement moche d'être ralenti dans son parcours scolaire par tous ceux qui sont plus lents à comprendre, mais, à mes yeux, c'est un mal nécessaire. Et puis... au lieu de se plaindre qu'ils ne comprennent rien, pourquoi ne pas tout simplement aider ceux qui sont en difficultés? C'est utile à tous, et valorisant.


Alexandre Pineault le 13/04/2010 Ă  13h34

Intéressant. Cependant, l'idée d'un programme pré-universitaire de sciences humaines enrichies me donne un frisson. Quel serait cet enrichissement? S'il est question de rajouter de la matière aux cours présents, cela posera, plus tard, un problème de la même nature que le premier. Un diplômé de ce programme hypothétique se dirigera vers l'université avec une éducation supérieure à d'autres qui se retrouveront probablement dans les mêmes cours que lui. C'est d'ailleurs souvent le problème dans les programmes enrichies. Ceux qui les suivent reverront plus tard la même matière dans un autre cours qui sera obligatoire. Bref, au revoir curiosité! À moins d'adapter le système entier afin qu'il soit possible d'être évalué sur ses connaissances sans devoir assister à une série de cours, ce n'est que reporter le problème. Puis, en général, le système d'éducation permet en effet d'augmenter le niveau de connaissances des étudiants mais, pour la plupart, ces connaissances constituent un moyen et non pas un but. C'est-à-dire que la curiosité intellectuelle n'est pas donnée à tous. Le programme Sciences, Lettres et Arts est certainement la solution proposée à ceux qui l'ont. Plutôt que de miner dans la matière enseignée à l'université, on élargit les champs où puiser les connaissances. Bel essai? Oui. Bonne solution? Non. Les étudiants de ce programme ne sont pas reconnus pour être des surdoués... ils sont connus pour être plongés sans cesse dans leurs livres et connaître les deux pires années de leur vie. Il est très difficile de réellement séparer les élèves selon leurs capacités. C'est plus tard, lorsque ceux-ci en viendront à réaliser leurs projets de vie que les plus doués et les plus curieux seront remarquables et remarqués. Ce sont eux qui innoveront dans leur domaine et desquels resteront une trace. Dommage seulement qu'ils doivent passer par la zone lente qu'est l'éducation standardisée. Que dis-je? Doivent? Et oui, le problème est là. La connaissance elle-même n'a malheureusement aucune valeur. Seul est reconnu le diplôme, la preuve d'éducation. (C'est d'ailleurs également un problème pour les immigrés.) Le système est bâtit pour lui-même. Pour offrir des services standardisés, il est nécessaire de former des gens capables (à 60% ou plus) mais pas aptes d'en faire davantage ou d'être curieux/intéressés. Le système d'éducation réagit à la demande mais pas celle des étudiants, plutôt celle du futur client. Au risque d'être associé au marxisme, je dirais que la réalisation de soi est inévitablement freinée par la machine économique capitaliste de laquelle l'éducation n'est qu'un autre engrenage... Pour proposer une solution immédiate qui ne nécessite pas une réforme de société complète à l'étudiant avide de savoir qui s'ennuie au cégep... j'ai une petite astuce qui n'est pas parfaite du tout mais qui vaut la peine d'être prise en considération. Il n'est pas absolument nécessaire de suivre des études collégiales pour aller à l'université. Puis, dans le cas où cela n'est pas une option, faire des pressions pour abolir la politique du 15%. Ensuite, pourquoi ne pas créer une commune d'étudiants autodidactes et éveillés par cette curiosité intellectuelle qui sauront se relancer les uns et les autres dans divers domaines? S'enrichir de connaissances éparses en attendant que le lent processus de l'éducation de la masse vous mène aux évaluations et aux diplômes. Pour terminer, je dis bravo à cet article qui rentre dans la catégorie "faire des pressions pour abolir la politique du 15%".


Francis Davidson Tanguay le 14/04/2010 Ă  14h02

@ Alexandre. Cet enrichissement serait, par exemple, la possibilité d'aller plus loin dans chacun des cours et de donner un plus grand nombre de cours pour la même quantité d'heures. Aussi, tu sembles dire que la matière apprise par les étudiants dans un programme enrichi ne fait que déplacer le problème puisque cette matière sera revue à l'université. Je tiens à te mentionner que mis à part ceux qui feront un BAC en sciences humaines ou en sciences sociales, la plupart des notions vues au cégep ne sera pas revue à l'université. En fait, désavouer l'efficacité d'un programme de sciences humaines enrichi c'est rejeter du même coup la fonction de tous les établissements d'enseignement de haut niveau (pensons aux cégeps privés de Montréal et, à la limite, aux grandes universités) sous le prétexte qu'il ne faut pas donner de l'avance à certains étudiants. De plus, la lourde charge de travail en sciences lettres et arts vient certainement plus des cours de sciences naturelles que des cours de sciences humaines. On fout tellement rien en sciences humaines que j'ai de la difficulté à m'imaginer qu'un enrichissement va surcharger les élèves d'un programme enrichi au point où ce seront les deux pires années de leur existence. Enfin, je te réfère, si tu ne l'as pas lu, à l'article d'Olivier Djoufo intitulé "Éducation Inc.". Le propos abordé dans cet article semble rejoindre ce que tu affirmes à la fin de ton commentaire. Et pour la commune d'étudiants autodidactes, bienvenue au Civitas.

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